Je suis né en Italie par accident…" Ce petit bonhomme tout en rondeurs respire la joie de vivre. À 88 ans, Second Usseglio évoque sa naissance du côté du Piémont dans la province de Turin. "En fait, ma mère qui était enceinte, a dû se rendre au chevet de la sienne, très malade, en Italie. Je suis donc né là-bas, et j'en ai souffert."
Alors que ses autres frères et soeurs, nés en France eux, ont la nationalité française, le petit Second, qui est entré sur notre territoire à l'âge de 6 mois, est italien, donc considéré comme un émigré. Et ce n'est pas une sinécure à l'époque d'être un "macaroni" ou un "rital", un mot devant lequel on ajoute presque toujours un adjectif peu amène. "En 1936, à l'époque du Front populaire, les instituteurs apprenaient le tir aux élèves. Mon frère y allait mais moi, je n'y avais pas droit car j'étais étranger…"
Dans une cabane
Le père de Second Usseglio va vite se retrouver veuf et doit subvenir, seul, aux besoins de ses trois enfants en bas âge. Toute la famille habitera donc sur son lieu de travail soit dans la montagne de Lure puisqu'il est charbonnier. "C'était une cabane en bois que mon père avait construite et nous y vivions tous ensemble" se souvient Second qui poursuit : "nous y restions depuis la fin de l'hiver jusqu'à l'automne avancé avant de redescendre au village de Saint-Etienne- les-Orgues."
Trois heures de marche
C'est donc à pied, soit 3 heures de marche aller-retour, que les enfants se rendaient à l'école chaque jour. "À midi, on avait notre musette et on mangeait dans la cour ou dans les couloirs de l'école. On avait du pain, on n'en manquait pas mais on avait pas souvent quelque chose pour l'accompagner." Après le certificat d'études Second Usseglio n'est plus retourné en classe, il a aidé son père comme il le faisait depuis l'âge de 7 ans. Il fallait bien faire "bouillir la marmite".
Charbonnier à temps complet à un peu plus de 13 ans, Second Usseglio abat les arbres comme un grand pour fabriquer le charbon de bois qu'utilisaient les riches dans les chaufferettes afin de tempérer leurs lits douillets.
Et il fallait avoir du répondant dans les bras lorsqu'on sait qu'il fallait quelque 250 stères de bois pour dresser une charbonnière. Second se blessera gravement à trois reprises avec la hache et la courbure du dos qui est la sienne à 88 ans, en dit long sur la pénibilité de ce travail de forçat.
Pendant la guerre, Second Usseglio a été envoyé dans un Service de travail obligatoire (STO) dans le Nord de la France d'où il s'est échappé.
Et c'est tout naturellement dans la montagne de Lure qu'il va se réfugier et se cacher, une montagne toujours accueillante, même avec 60 cm de neige. "J'ai arrêté de faire du bois après 1945 et j'ai appris un métier, celui de boucher charcutier. Mais à l'époque, pour apprendre un métier, il fallait payer. Pendant deux ans j'ai travaillé gratuitement chez un boucher qui, en guise de salaire, me logeait et me nourrissait…"
Second a finalement été naturalisé Français, puis a ouvert sa propre boucherie à Ménerbes dans le Vaucluse. Une boucherie qu'il a gardée durant 34 ans avant de prendre sa retraite à Saint-Etienne-les-Orgues, le pays de son enfance.
Si daventure vous croisez son regard espiègle et rieur au bar du village où il boit son café tous les matins en lisant son journal, insistez un peu...
Il vous parlera peut-être de sa montagne aujourd'hui si proche et toujours chère à son coeur au sommet de laquelle sont enfouis tant de souvenirs. Et peut-être aussi de cette époque incroyablement rude où un gamin de moins de dix ans n'avait pas d'autre choix que celui d'aller, avec son père, au charbon.
La précieuse Cigale ........
En attendant le chant des cigales dans mon jardin ........
Symbolique : Au XIXème siècle, les célèbres félibres provençaux choisissent la cigale pour emblème. Seule ou entourée de rameaux d'olivier on peut la voir danser au vent sur les bannières des Confréries ou des groupes folkloriques, lors des manifestations locales.
La cigale, loin du symbole d'insouciance et de frivolité de la Fable de la Fontaine, reste un des emblèmes majeurs de la Provence. En Grèce, elle est consacrée à Apollon, le dieu poète, et rappelle le cycle complémentaire lumière-obscurité puisqu'elle ne chante qu'avec le jour.
En or elle est l'insigne des félibres Majoraux, au nombre de quarante-neuf (7 X 7), cinquante en y ajoutant le Capoulié. Les majoraux sont élus à vie par cooptation et forment une académie, le consistoire du Félibrige. Chaque cigale porte un nom et s'hérite d'un Majoral à l'autre, comme s'il s'agissait d'un siège dans une académie traditionnelle.
Je profite de ce petit rappel pour le garder en mémoire :
Nouminacioun à la Santo-Estello de Gréus (Gréoux les Bains)
Prouclamacoun à la Taulejado de la Coupo - Gréus - 12 de mai 2008 :
Lou Counsistòri dou Felibrige, acampa en vilo de Gréus lou 10 de mai 2008 souto la presidènci dou Capoulié Jaque Mouttet,
a elegi FELIBRE MAJOURAU :
- Titulàri de la cigalo de Durènço tengudo cai-en-rèire pèr la Majourau Aguste Verdot, Pau Arène, Baptiste Bonnet, Clovis Hugues, Aubert Dugat, Joseph Loubet et Carle Galtier.
lou felibre mantenèire Miquèu BENEDETTO, de Vilo-Novo de la Roco.
En argent, la cigale fut d'abord portée seulement par les "Mestre en gai-sabé" (gai savoir), félibres mainteneurs, pour récompenser leurs mérites littéraires. On la donne évidemment au lauréat des jeux floraux (concours poétique), organisés tous les sept ans. C'est d'ailleurs le vainqueur qui choisit la reine du Félibrige. La première fut Madame Mistral en 1878. Durant l'entre deux guerres, la cigale d'argent devient aussi l'insigne des "Mestre d'Obro", mainteneurs également, gratifiés ainsi pour leurs actions particulières en faveur de la culture provençale. Comme celle de mon ami Daniel, aux côtés de qui, je prépare la "Danse des Bouffets qui aura lieu dimanche pour la Saint-Sébastien...(voir article précédent)
Retour sur un de mes souvenirs ...
Le soir de cette Sainte-Estelle 2008 : devant une salle comble, les félibres et les habitants de Gréoux, des curistes, assistaient à une soirée de contes en provençal animée par Claude Coste et Jean-Pierre Beraud qui ont su mettre en valeur toute la richesse de notre langue provençale, suivie de la chorale des Félibres bas-alpins sous la direction de Daniel Guillot, qui a été remarquable dans ses interprétations.
Comme vous le voyez, la cigale est un véritable culte régional, mais elle ne figurait pas dans les boutis anciens. Elle fait partie des nouveaux symboles adoptés par les "boutisseuses".
Aujourd'hui j'ai décroché du Félibrige .... je tourne la page ... Je fais partie, à présent, d'un atelier de boutisseuses, même si je ne suis encore que débutante. Ayant trouvée la réalisation de Simone LAMAZERE dans un livre que j'ai feuilleté j'ai eu très envie de réaliser cette précieuse cigale, et voici le résultat. Je vous la montre en avant première car je ne la présenterai à mes collègues que demain mercredi. J'attends avec impatience le verdict de mon "prof"....et de mes collègues, mais vous pouvez aussi me laisser un petit commentaire...