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"LA MALLE AUX TRESORS"
"LA MALLE AUX TRESORS"
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9 juillet 2013

Les métiers d'autrefois : Charbonnier ...

Dans son dernier message mon amie Nadine de "Passion Provence" parle des Charbonniers des Hautes-Alpes. vous pouvez accéder à son texte en cliquant sur le lien ci-dessous.

http://www.passionprovence.org/archives/2013/07/08/27595739.html#utm_medium=email&utm source=notification&utm_campaign=passionprovence

ce post a retenu toute mon attention, car en effet, il y avait beaucoup de charbonniers en Haute Provence.

De nombreux charbonniers vivaient dispersés sur tout le territoire de la Montagne de Lure, des immigrés Piémontais habitaient, hiver comme été, des cabanes ou des jas (cabanes de bergers en pierre) abandonnés, dans des conditons de vie extrèmement difficiles. La production de charbon de bois constituait alors une activité très importante pour l'industrie et les particuliers.

C'est parmi ces charbonniers de Lure que Pierre Magnan situe au XIXème siècle le cadre de son roman Les charbonniers de la mort.

En complément à l'article de Nadine, je vous rapporte, ci-dessous, le témoignage du dernier charbonnier de la Montagne de Lure, juste à côté de chez moi. Article relevé dans La Provence.

 

Le dernier charbonnier de Lure

A 88 ans, Second Usseglio se souvient du froid, de la guerre et du travail pénible dans la montagne

Je suis né en Italie par accident…" Ce petit bonhomme tout en rondeurs respire la joie de vivre. À 88 ans, Second Usseglio évoque sa naissance du côté du Piémont dans la province de Turin. "En fait, ma mère qui était enceinte, a dû se rendre au chevet de la sienne, très malade, en Italie. Je suis donc né là-bas, et j'en ai souffert."

Alors que ses autres frères et soeurs, nés en France eux, ont la nationalité française, le petit Second, qui est entré sur notre territoire à l'âge de 6 mois, est italien, donc considéré comme un émigré. Et ce n'est pas une sinécure à l'époque d'être un "macaroni" ou un "rital", un mot devant lequel on ajoute presque toujours un adjectif peu amène. "En 1936, à l'époque du Front populaire, les instituteurs apprenaient le tir aux élèves. Mon frère y allait mais moi, je n'y avais pas droit car j'étais étranger…"

Dans une cabane

Le père de Second Usseglio va vite se retrouver veuf et doit subvenir, seul, aux besoins de ses trois enfants en bas âge. Toute la famille habitera donc sur son lieu de travail soit dans la montagne de Lure puisqu'il est charbonnier. "C'était une cabane en bois que mon père avait construite et nous y vivions tous ensemble" se souvient Second qui poursuit : "nous y restions depuis la fin de l'hiver jusqu'à l'automne avancé avant de redescendre au village de Saint-Etienne- les-Orgues."

Trois heures de marche

C'est donc à pied, soit 3 heures de marche aller-retour, que les enfants se rendaient à l'école chaque jour. "À midi, on avait notre musette et on mangeait dans la cour ou dans les couloirs de l'école. On avait du pain, on n'en manquait pas mais on avait pas souvent quelque chose pour l'accompagner." Après le certificat d'études Second Usseglio n'est plus retourné en classe, il a aidé son père comme il le faisait depuis l'âge de 7 ans. Il fallait bien faire "bouillir la marmite".

Charbonnier à temps complet à un peu plus de 13 ans, Second Usseglio abat les arbres comme un grand pour fabriquer le charbon de bois qu'utilisaient les riches dans les chaufferettes afin de tempérer leurs lits douillets.

Et il fallait avoir du répondant dans les bras lorsqu'on sait qu'il fallait quelque 250 stères de bois pour dresser une charbonnière. Second se blessera gravement à trois reprises avec la hache et la courbure du dos qui est la sienne à 88 ans, en dit long sur la pénibilité de ce travail de forçat.

Pendant la guerre, Second Usseglio a été envoyé dans un Service de travail obligatoire (STO) dans le Nord de la France d'où il s'est échappé.

Et c'est tout naturellement dans la montagne de Lure qu'il va se réfugier et se cacher, une montagne toujours accueillante, même avec 60 cm de neige. "J'ai arrêté de faire du bois après 1945 et j'ai appris un métier, celui de boucher charcutier. Mais à l'époque, pour apprendre un métier, il fallait payer. Pendant deux ans j'ai travaillé gratuitement chez un boucher qui, en guise de salaire, me logeait et me nourrissait…"

Second a finalement été naturalisé Français, puis a ouvert sa propre boucherie à Ménerbes dans le Vaucluse. Une boucherie qu'il a gardée durant 34 ans avant de prendre sa retraite à Saint-Etienne-les-Orgues, le pays de son enfance.

Si daventure vous croisez son regard espiègle et rieur au bar du village où il boit son café tous les matins en lisant son journal, insistez un peu...

Il vous parlera peut-être de sa montagne aujourd'hui si proche et toujours chère à son coeur au sommet de laquelle sont enfouis tant de souvenirs. Et peut-être aussi de cette époque incroyablement rude où un gamin de moins de dix ans n'avait pas d'autre choix que celui d'aller, avec son père, au charbon.

Par Roberto Figaroli ( rfigaroli@laprovence-presse.fr )
 
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Commentaires
C
Tout ce qu'on apprend chez toi ! Bisous Joêlle
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