En complément à mon article du 18 mai, si vous venez à GANAGOBIE Dimanche prochain, vous découvrirez les costumes que l'on porte dans la région de Manosque, ce sont ceux portés par le "Rode Osco Manosco", "Lei Fiéllouë d'Auresoun", ou "Lei Dansaire de Sant Dounat" de Montfort.
Deux artisanes de Manosque, celle de droite porte un cotillon piqué avec petit tablier de Manosque et la coiffe de la Mitrone. Celle de gauche une jupe d'indienne, un tablier plus large, Toutes deux un corset de velours noir. Gros plan des deux coiffes ci-dessous.
une coiffe à gauto Coiffe de "La Mitrone"
Trois Bastidanes de Manosque. Elles portent une robe en deux pièces : jupe indépendante, (c'est l'ancêtre de la Robe) avec un caraco à manche de même étoffe. elle compose une tenue de bastidane trés jolie. Le montage à plis canons, un faux ourlet la borde, Un passant au milieu du dos sert à le maintenir au corsage (bricole). Coiffes de dentelles et fichus de mousseline brodés blanc
A gauche un costume de Manosque, à droite une bastidane de Montfort.
Toujours des costumes d'artisanes avec le groupe d'Oraison, jupes à plis canon d'indienne, à droite corset de piqué blanc
Détail de la coiffe d'Oraison
Toujours deux costumes d'artisanes à droite avec le groupe de Montfort, (remarquez la coiffe de droite, c'est également une coiffe de mitrone, identique à celle de Manosque ci-dessus) A croire que le costume d'Artisane plaît beaucoup. C'est vrai que dans nos petites bourgades telles que Manosque, Sisteron ou Digne, il y avait , à l'époque, pas mal de petits artisans qui tenaient leur échope. Mais ici chez nous en Haute-Provence, dans nos campagnes, c'était surtout le costume paysan qui était porté.
A gauche, vous avez un costume de paysanne, C'est le costume provençal dit "de moisson"
Le costume, dit "de moisson" par les groupes folkloriques, était tout simplement la tenue journalière d'été des femmes accomplissant un travail domestique : ménage, traite des vaches, s'occuper de la basse-cour, ramasser les pommes-de-terre, les légumes, cueillir les fruits, moissonner.
Après une chemise de toile rustique à liste ou à coulisse, dont elles retroussaient les manches jusqu'aux coudes, les femmes ajustaient un corset de piqué ou de toile forte, blanc ou de couleur, qui leur protégeait la poitrine. Ce corset supportait les deux ou trois jupons ordinaires, tous resserrés à la taille par des godrons réguliers maintenus par une grosse attache qui coulissait sur le devant où elle se nouait.
Le jupon de dessus généralement en couleur ou rayé était recouvert par un immense tablier de coton l'enveloppant presque entièrement.
Elles posaient sur leur épaules un mouchoir de cou (susarèu).
Les cheveux étaient abrités de la poussière - à l'époque on ne se lavait pas la tête tous les jours- par une coiffe simple de coton, de toile, en piqué, blanche ou de couleur.
Les jambes étaient protégées par des bas tricotés avec tous les bouts de fils de coton ou de vieux bas blancs quelquefois largement reprisés, leurs pieds chaussés de sabots ou de galoches.
L'été pour travailler en plein soleil, dans les champs elles s'abritaient d'un large chapeau de paille
Simone Nougier - février 1994 -
Supplément au "Vesti prouvençau"
Ici nos paysannes vont faire la bugade au lavoir :
UPAIX JUILLET 2009
Li couifo de n'Auto Prouvènço
A propos de la "Mitrone", coiffe de Manosque
La Bible nous apprend que ce sont les femmes qui pétrissaient et faisaient cuire le pain. En Grèce, à Rome, les étrennes n'étaient rien d'autre que des galettes, gâteaux que les femmes échangeaint entre-elles, chacune rivalisant de faire mieux que l'autre.
Selon, Mademoiselle Bus, Présidente du "Rode Osco Manosco", à une certaine période de la vie manosquine, les femmes durent remplacer, au fournil, les mitrons. Nous n'avions jusqu'ici aucun renseignement précis sur cette période et sur la présence des femmes au fournil.
Camille Arnaud rapporte, en 1875, dans son "Histoire de la Viguerie de Forcalquier", que de tout temps à Manosque le commece de la boulangerie a été réglementé et qu'au commencement du XIIIe siècle, il n'y avait pas de boulanger en titre. Le pain était fabriqué par des gens habilités pour cela et vendu par l'intermédiaire de manganiers ou manganières sorte de commerçants ne se mêlant pas de la fabrication.
En 1247, suite au manque de boulangers de métier, on appelle des volontaires pour cuire le pain. Selon un document du Clavaire, 38 femmes prêtèrent serment, sur les Evangiles devant les prêtres des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, de fabriquer du pain vénal de bonne qualité et de n'en retirer qu'un bénéfice de deux deniers par setier de blé converti en pain, plus le son, déduction faite des dépenses qui comprenaient notamment le droit de fournage exité par l'Hôpital propriétaire des fours, car tous les vassaux et habitants relevant de cet Ordre étaient obligés de cuire dans leurs fours banaux.
En 1340, une ordonnance du commandeur, (des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, de Manosque), rappelle que les femmes ont le monopole de la vente du pain.
Le 12 octobre 1400, un mandemebnt de l'Ordre confirme l'obligation de cuisson dans ses fours ce qui apporte le fait qu'existaient d'autres fours privés qui avaient un préposé, homme ou femme, appelé "Mandroun" ou Mandrouno" chargé d'avertir la population de la chauffe du four.
Certainement ces femmes fabricant le pain se devaient de porter une coiffe pour les nécessités et commodités de travail comme l'ont fait et le font toujours les mitrons. Coiffe simple et pratique de grosse toile qui a dû petit à petit prendre la forme de "Coiffe à gauto" dont la passe enserrant les joues empêchait la farine de voler sur les cheveux et la chûte des cheveux dans la farine.
Cette coiffe, à quelques détails près se retrouve dans toute la Provence où elle apparut vers 1835 d'après Mlle Marcel Drutel (Le Costume en Provence - Plaquette 1974)
A Manosque le nom de "Mitrone" reste attaché à cette coiffe "à gauto." Elle fut remise à l'honneur par Mlle BUS, en 1932, lors des fêtes du Costume Alpin et portée par le "Rode Osco Manosco" dès sa fondation en 1935.
Ces fêtes annuelles du costume avaient pris naissance dans les Basses-Alpes, en 1926, sur l'initiative de Marcel Provence.
La "Mitrone" primitivement en toile, fut alors réalisée en mousseline, linon, avec des dentelles plus fines pour accompagner des tenues plus habillées (patron, explications : page 120/121 du "Vesti Prouvençau"
Simone NOUGIER
A propos de coiffe :
M. Alfred LESCURE à reproduit dans son recueil de nombreux "fonds de Bonnets" tirés de sa célèbre collection du commencement du siècle.
C. ESTRADE dans son introduction dit : "que le bonnet ordinaire composé d'un fond rond, d'une passe plissée posée devant et d'une coulisse serrant la tête est beaucoup plus ancien, mais c'est surtout à partir du XIXe siècle qu'il s'et enrichi de broderies sur tulle ou sur toile de lin trés fine.
A cette époque, chaque province avait son costume caractéristique dont nous retrouvons encore les modèles primitifs en Bretagne, dans le Dauphiné, le pays d'Arles, le Comté de Nice, L'Auvergne, l'Alsace, et moi j'ajouterais Marseille.
Les bonnets dont les fonds et les passes sont repoduits dans l'ouvrage de M. LESCURE proviennent surtout de la Beauce, du Loriet, du Poitou, de la Sarthe, de la Creuse.
Moi, j'ai la chance de vous présenter ci-desssous, quatre fonds de coiffe de MARSEILLE mais ayant pu être portées certainement par de riches bastidanes de la Vallée de la Durance.
Ce sont des coiffes de fête brodées au tambour avec du fil blanc, sur linon ou batiste. On y retrouve presque tous les points connus, depuis les plus simples lancés jusqu'au fils tirés et coupés. Ces broderies sont bien souvent l'oeuvre de la bastidane ou de l'artisane qui porta la coiffe, ainsi s'expliquent les différences de finesse d'exécution et de dessin.
Les motis sont presque toujours tirés des fleurs du pays : rose, églantine, oeillet, liseron, margurerite, bleuet et coquelicot se rencontrent à peine stylisés et souvent mêlés à des noeuds de rubans, des épis de blé, d'orge, de lierre ou de la vigne, très rarement des oiseaux.
L'ornement géométrique est aussi peu répandu et le scomposition où il figure seul n'ont pas la grâce et la fégèreté des semis, des bouquets ou des gerbes dont les feleurs harmonieusement groupées offrent des images d'un charme trés caractéritique."
Recueil de M. Alfred LESCURE