Pour commencer cette présentation, je vais reprendre les trois dernières lignes de mon message sur le Maison du costume d'Abriès, à savoir :
Dans les Hautes-Alpes, nous retrouvons trois costumes bien distincts. les Deux costumes du Sud du département (Gapençais et Embrunais) qui s'apparentent à ceux de Provence, tandis que le Costume du Nord (Briançonnais et Queyras), zone alpine frontalière avec l'Italie est typique de la haute montagne.
Et pour illustrer ma présentation, je vais utiliser les photos que j'ai prises l'autre jour à Pernes, de mes copines de La Taîole de TALLARD 05, Regardez cette jeune fille à droite sur la photo, elle porte justement la robe de son arrière grand-mère du Neffes (05) Gapençais.
Dans le costume haut-alpin, on remarque surtout la longue robe de drap de laine presque toujours noire, à manches longues gansées de velours (sur la photo on voit bien le ruban de velours) boutonnée sur le devant et montée à la taille en plis canons appelée "Gounelle". Elle est quelquefois bordée à l'encolure d'une collerette blanche et froncée, donnant l'illusion d'un corsage porté sous la robe.
Les dessous : Gounelloun et chemisoun.
A même la peau la chemise de lin ou de chanvre, souvent marquée d'initiale au point de roix rouge, descend sous les genoux. Elle est portée de jour comme de nuit.
Sur cette chemise, et sous la gounelle, vient le gounelloun ou jupon, toujours froncé. Il est uni ou imprimé (pas de motifs floraux, mais des rayures, des carreaux ...) On trouve de grosses différences dans les matières suivant les saisons ou les usages (fêtes...) mais peu dans les modèles.
Par ailleurs dans certains villages, le Jupon ressemble d'avantage à une robe sans manches, il va des épaules jusqu'aux mollets. On l'appelle alors "chemisoun". Il est coupé dans un tissu de Sarjo, une étoffe très rustique mais chaude.
Les jambes sont souvent recouvertes de bas de laine que les femmes tricotent à la main avec la laine qui provient de leurs bêtes et les pieds sont dans des galoches comme pour les hommes. Notre jeune amie porte des chaussettes tricotées et des galoches aux pieds.
Pour la petite histoire : "la réputation des galoches hautes-alpines a traversé les frontières : Les Italiens venant faire la fenaison dans le Queyras souhaitaient qu'une partie de leur salaire soit versée " en galoches" plutôt qu'en argent...."
Ci-dessous la robe exposée à la maison du Costume d'Abriès :
Sur la photo de droite , regardez la coiffe et le fichu :
Au dessus de la robe :
La gounelle est protégée par un tablier ou "foudier". Là encore, tissus et formes sont très différents selon les utilisations. En revanche, un détail constant sur ces tabliers est leurs poches toujours doublées !
Sur les épaules on porte un châle croisé sur le devant et qui ne laisse entrevoir que l'encolure de la robe. les deux pointes sont glissées et cachées sur la ceinture du "foudier". Dans ce châles réside l'unique fantaisie de ce costume.
Et la coiffe ? et bien nous allons y arriver, comme partout, la femme ne montre jamais ses cheveux ni le jour, ni la nuit. Les coiffes sont différentes dans chaque village. Elles sont presque toujours blanches ou noires, même si on trouve des coiffes de couleur à Ceillac et imprimées à Arvieux, mais avant de vous présenter une coiffe du Queyras, je vais vous présenter le livre de Claire Le Goaziou qui, à présent, fait aussi partie de ma bibliothèque car je ne pouvais revenir du Queyras, sans m'en être procuré un exemplaire.
On ne peut, en effet, parler de coiffe sans parler Dentelle ...
Je vais vous présenter les deux Coiffes de Saint-Véran :
Au XVIIIème siècle, les femmes portaient déjà un bonnet appelé "cornette". Cette coiffure comportait une "passe" sur le devant, et deux longues brides, barbes ou ailes, flottant généralement sur les épaules. Ces ailes étaient parfois remontées, épinglées sur la tête, parfois attachées sous le menton. On en trouve des témoignages dans l'infini diversité des coiffes bretonnes. Toutes sont l'expression de différentes variantes de cette coiffe, imaginées par la coquetterie de chaque pays. Dans le Queyras, la cornette est agrémentée de dentelles très particulières faites sur place.
Ce livre de Claire Le Goaziou est la somme de dix années de recherches passionnées sur les traces des dentelles du Queyras et des vallées voisines. Dentellières, amateurs d'art populaire, amoureux du Queyras et de son histoire, découvriront au fil des pages les secrets de ces dentelles montagnardes si particulières ... avec 7 modèles de dentelles inédits et les étapes de la construction d'un tambour.
Ci-dessous la photo de la couverture :
Chantal EYMEOUD, Directrice du *Conseil d'Architecture d'Urbanisme et d'Environnement des Hautes-Alpes (C.A.U.E. 05) en a écrit la Préface.
A Saint-Véran, on retrouve deux modèles de coiffe bien spécifiques, Elles sont toutes deux bordées de dentelle faite aux fuseaux sur des tambours.
Le dimanche 7 août a eu lieu à Saint-Véran, la fête des Traditions Vous pensez bien qu'étant sur place nous nous y sommes rendus, même si, ce jour là, la pluie était au rendez-vous.
Vloici le programme de cette journée :
le matin à 10 h 30 a eu lieu la fabrication du pain au four banal.
Un aperçu du four ci-dessous :
12 H 00 : Apéritif offert devant le four avec des pizzas cuites au four :
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12 H 30 : Repas italien Polenta et saucisses qui affichait complet. Dommage, étant juste arrivés la veille nous n'avions pu nous inscrire.
14 H 00 : animation au centre du village. Malgré la pluie, de nombreux artisans nous ont montré leur savoir faire :
Ventoir, Ferronnerie et étamage, scieurs de long, cheneaux,Loube, Sculpture sur bois ....,
Filage de la laine, Cordier et bien sûr les dentellières.
J'ai sympathisé avec ces dames qui m'ont expliqué la coiffe de Saint-Véran. Donc je vous ai annoncé ci-dessus, une à pans, appelée "cornette", (on en voit sur la table) et une où les ailes ont disparu, probablement plus récente qui est nommée "berro" comme ci-dessous. Aujourd'hui le modèle le plus courant est la "berro"
La Cornette : est ornée quant à elle, de deux dentelles différentes, comme l'a décrit Damien Barthélémy de Saint-Véran, dans une lettre de 1916 à Hyppolite Muller de Grenoble. La première dentelle entoure la tête, se prolonge à l'avant des ailes et forme l'angle inférieur. Cette dentelle peut être la même que pour la berre (cinq à sept cm de large, 40 à 60 fils). mais il en faut deux mêtres pour orner une cornette. La deuxième dentelle, plus étroite, complète la coiffe à l'arrière des ailes. De deux à trois cm de largeur, elle est réalisée avec 12 à 20 fils. Elle est souvent simple. Sa réalisation était plus rapide. Elle nécessitait une longueur de deux fois 70 cm. On peut penser que c'était le travail des enfants débutantes.
L'abbé Gondret, en 1858, précise que la cornette est "une coiffe de dessus". Il y en a donc une dessous ! Cela semble logique lorsque l'on constate que la cornette n'a pas d'attache sous-mentionnière, ce qui la rend instable. posée à même la chevelure. Or on trouve très souvent dans les lots de coiffes, des bonnets en coton piqué sur lesquels les coiffes s'adpatent pafaitement. Les bonnets les rendent particulièremnet seyantes. Nous pensons donc que ces deux éléments étaient probablement associés dans la coiffure des femmes portant la cornette.
page 42 du livre de Claire Le Goaziou.
Les Cornettes du Queyras.
Alors maintenant que j'y pense les bonnets en coton piqués présentés dans ce Cahier du Queyras, sont exactement ceux portés par le groupe folklorique de Briançon.
Regardez ci-dessous, toutes ces dames qui portent un bonnet en coton piqué, en fait ce sont des coiffes de dessous.
Ci-dessous détails de la berre, en français. La berre est une coiffe dont la dentelle entoure le visage et la nuque. Cette dentelle est d'une largeur de 5 à 7 cm, réalisée à l'aide de 40 à 60 fils montés sur autant de fuseaux. Il faut 1,20 à 1,30 m de dentelle pour orner une berre. Il n'est pas rare qu'un morceau de dentelle différentee soit rajouté pour compléter une longueur insuffisante. Actuellement, il peut falloir à une dentellière, jusquà une heure de travail pour un seul centimètre de dentelle. Quel travail !..
en haut à gauche, détail du montage plissé de la dentelle, en bas à gauche coiffe à l'envers pour vous montrer le montage de la couture sur le dessus de la tête. A droite endroit de la coiffe.
Pour celles qui seraient intéressées et voudraient en savoir un peu plus sur les coiffes et la dentelle du Queyras, je leur conseille vivement ce livre. Il y a de très belles photos. Bonne journée à tous.
PS. pour répondre au commentaire de "Garibondy", Les dentellières m'ont dit que quand elles ne laissaient pas battre les ailes de leur cornette sur les épaules, elles les remontaient et les fixaient avec une épingle (certainement sur le bonnet de dessous en piqué) comme la dame ci-dessous (mais qui elle, n'a pas de sous coifffe. Cette personne fait partie du groupe des gavots de GAP, Je pense que cette coiffe doit être un modèle d'un village du 05 et ressemblerait à une cornette reconstituée dans une autre dentelle, mais qui n'est pas de la dentelle aux fuseaux. (mais apparemment elle ne serait pas fixée comme il faut, car elle doit être relevée comme la photo de la cornette ci-après)
Et bien je vais faire plaisir à Garibondy, j'ai trouvé une photo de Cornette du Queyras, ailes relevées, d'après un modèle du Musée Dauphinois.
Petite précision :
... En 1858, un Queyrassin né à Ville-Vieille et curé de Ristolas, l'Abbé Jacques Gondret, a raconté la vie de ses paroissiens et dans ses écrits on retrouve : ..." Reste la Cornette ainsi nommée apparemment à cause des "ailes" qui sont attachées aux deux côtés ainsi que des cornes. C'est donc une coiffe du dessus garnie de chaque côté d'une bande de toile appelée "aile". Ces bandes s'abaissent pour le deuil et se replient sur la tête en temps ordinaire (comme ci-dessous) La coiffe et la cornette sont un voile pour la femme, la modestie lui recommande de s'en vêtir. La cornette était portée par les femmes mariées entre les deux âges. Les filles, excepté aux grandes fêtes se dispensaient facilement de les mettre."
Quand au "chemisoun", je regrette, mais je n'ai pas de photos. J'ai relevé ces explications dans le livre que j'ai consulté à la maison du Costume d'Abriès, mais je ne l'ai pas acheté.
Bien à toi. Au plaisir de se revoir bientôt.