Losque j'étais petite fille, nous passions NOEL, tous réunis autour de la table de ma grand-mère maternelle, à la ferme et les traditions de NOUVE m'ont toujours émerveillée; tant par leur force que par leur signification. Tout a un symbole.
Ma grand-mère était une femme de la terre et sa famille vivait en Haute-Provence depuis des générations. Elle était très attachée à ces coutumes. Veuve très jeune, elle a élevé quasiment seule ses cinq enfants et elle a eu le mérite de s'occuper du Pépé Antoine, son beau Père qui s'est fait lui, très âgé, presque centenaire. Je n'ai donc pas connu mon grand-père, mais "lou Papé", (mon arrière grand-père) je m'en rappelle très bien. Il ne parlait qu'en patois, je n'y comprenais pas grand chose. C'est un petit homme sec, pantalon de velours, une taîole de flanelle grise, une chemise de couleur foncée ou à carreaux et son capèu, qu'il n'enlevait que pour se mettre à table. Il avait de belles vacantes et avait sa place réservée au bout de la table. Une chaise lui était réservée. Un détail dont je me rappelle très bien : il crachait par terre le Pépé Toine....celà a dû marquer la petite fille que j'étais .....
Je vous présente ci-dessous, le Pépé Toine, et la petite fille avec la robe à carreaux, c'était moi, à côté de ma cousine
Je ne me souviens pas qu'on est manqué une seule fois le gros souper à la campagne, préparé par ma grand-mère. Il y avait tous ses enfants et petits enfants dont j'étais l'aînée. Nous étions très unis. Hélas rien n'est plus pareil depuis qu'elle nous a quittés car avec elle les repas de Noël à la ferme familliale ont disparus.
Je vous présente ci-dessous, ma Mamée Elise, et ses premiers petits enfants. Il y en a eu beaucoup d'autres ensuite.
et moi à sa droite.
(cette photo a été prise en été, sous l'accacia. c'était le bonheur;)
"Tonton Latil" qu'on l'appelait était le berger de la ferme il participait à tous les événements heureux ou malheureux de la famille. Il vivait à la ferme, dans une dépendance où il avait sa chambre mais partageait la table commune. Combien de fois, je suis allée garder les moutons avec lui. et nous allions ramasser les amandes sur les amandiers qui bordaient l'aire. lorsque nous rentrions les bêtes, les jours précédant Noël ma grand-mère faisait le nougat avec le miel et les amandes et gournande je lui prenais les bouts de papier "hostie" qui restaient sur la table..
Un autre jour, elle pétrissait de grosses boules de pâte qu'elle étalait ensuite avec son gros rouleau en bois pour confectionner de succullentes tartes aux pommes et tourtons aux pruneaux, Le matin du grand jour elle préparait la table, la table de la grande Salle était déjà grande et avait des rallonges, mais elle en rajoutait encore. Nous y allions plus d'une vingtaine autour. Elles sortait les trois nappes blanches du tiroir de son armoire, de grandes nappes brodées à ses initiales qui étaient celles de son trousseau Les trois nappes représentent la Trinité. Elle y déposait dessus les "siétoun" de blé qu'elle avait mis germer le 4 décembre, jour de la Sainte Barbe. A ce moment là nous n'avions pas la difficulté de trouver du blé, Nous allions à la remise où il y avait les gros sacs de blé pour les poules et j'en ramenais à la maison. Aujourd'hui faute d'avoir du blé à disposition, je mets des lentilles - Ces petites coupelles de verdure étaient le présage de la prospérité de la famille et des récoltes à venir.(c'était important pour les gens de la terre) .et ce qui m'inquiétait le plus, c'est qu'il y avait toujours une assiette de plus, C'était pour le cas où il y aurait un maraudeur qui se présente.... en fait c'était la place du pauvre.
Elle préparait les trois lampes à pétrole (A la ferme, je n'ai jamais vu de chandeliers, mais des lampes à pétrole, car l'hiver le courant manquait souvent et même des soirées entières et le téléphone ne marchait plus non plus...)
Avant de se mettre à table, je ne pourrais pas dire que c'était vraiment le cacho fio décrit en Provence, car il n'y 'avait pas de cheminée, mais une grosse cuisinière à bois à l'ancienne et Pépé Antoine, avant de se mettre à table nous disait son bonheur de nous voir tous réunis, il mettait une grosse bûche dans la cuisinière qu'il arrosait de vin cuit, De grosses flammes s'élevaient avant qu'il ne remette le couvercle et demandait à Dieu de voir l'an qui vient et que si nous ne sommes pas plus, que nous ne soyons pas moins. ensuite nous buvions tous le vin de noix fait maison et nous passions à table. Et quel menu gargantuesque, pas moins de sept plats mais tous maigres. de la morue, des cardons en sauce tomate, du gratin d'épinards avec des oeufs durs et une biscotte en travers pour délimiter les parts (un régal), des lasagnes de la salade d''endives aux noix, sans oubliersles grosses tomes de chèvres faites toujours par mémé Elise.
Puis venaient ensuite les treize desserts (symbolisant le Christ et ses apôtres) : les noix , les noisettes, amandes et figues sèches ou mendiants ainsi dénommées par allusion à la couleur des vêtemetns des quatres ordres mendiants : les Carmes au xpieds nus, les Augustins, les Dominicains et les Franciscains puis les dattes, les oranges, les mandarines. Les adultes nous aprenaaient à découper les oranges, et nous en faisions des petites lumières que nous déposions tout le long du meuble où se trouvait la crèche. puis les pommes, les raisins. (les raisins, ce n'étaient pas les raisins que nous achetons maintenant, mais c'étaient des raisins qui avaient été mis à sécher au galetas sur des clayettes. puis mémé sortait ensuite son nougat noir, puis le nougat blanc, la pompe à huile et ses bonnes tartes aux pommes ou aux prunes séchées. A préciser que l'on de doit jamais couper la pompe avec un couteau, c'est ma tante qui nous distribuait les morceaux en la coupant avec ses doitgs.
Ce gros souper se déroulait dans une très bonne ambiance, Chacun racontait son histoire, les enfants chantaient les chansons de Noël, et étaient un peu exités, car le lendemain, ils savaient tous que leur chaussons seraient bien garnis. au fur et à mesure qu'il y en avait un qui s'endormait on allait le coucher. puis le moment venu de la messe de minuit, tous ceux qui étaient encore bien eveillés, bien enmitoufflés, se rendaient à l'église du village.
Beaucoup de personnes qui étaient autour de ce gros super nous ont quittté aujourdh'ui. Le Pépé Toine, Mémé Elise, mon papa puis deux de mes oncles ne sont plus de ce monde.
Le pigonnier est vide
La lapinière n'a plus de lapins, la bergerie est déserte .....
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La page d'une vie est tournée. Vous comprendrez que la phrase tradionnelle :
Dieu nous fague la gràci de vèire l'an que ven
E se noun sian pas mai
Que noun fuguen pas mens !
n'a que plus de sens et d'importanee à mes yeux
Sachons passer le flambeau et transmettre nos traditions !
Aujourd'hui, c'est moi qui suis mamie, et combien je voudrais que mes petites filles aient autant de souvenirs que moi.
mais je suis loin d'arriver à la cheville de ma mamée. C' était une femme exceptionnelle.
JOYEUX NOEL A TOUS.