NOUVE APPROCHE
C'est bientôt le temps de sortir nos santons
de leurs boites en carton.
Après Santounette, je vous invite à découvrir un autre blog :
Provence crèches (lien colonne de droite)
http://provencecreches.blogspot.com
et je vous offre un texte d'un Peintre/Ecrivain contemporain Sisteronais
que Patou a eu la gentillesse de m'envoyer :
La crèche
Aurais-je tant souffert du métier psychiatrique
Que je serais atteint de troubles oniriques
Au point d’ouïr la nuit dans le fond du placard
Les liesses étouffées de quelques bons fêtards ?…
Peu importe le mal ; le délire est joyeux
Car dans le noir obscur, en ouvrant grand les yeux,
Je le vois s’agiter dans le précieux carton
Le peuple de la crèche, le peuple des santons.
Pendant de si longs mois ils ont tant fait sommeil
Que le froid revenu ils sonnent le réveil
En froissant le papier qui habille leur plâtre,
Pressés d’aller jouer dans leur petit théâtre
Les scènes séculaires de la pièce immuable
Qui vit naître l’Enfant tout au fond d’une étable.
La Judée… c’est bien loin ! Mais Béthléem demain
Sera près du sapin, rutilant souverain.
A peine dévêtus du crépon protecteur,
Le pas encore lourd et déambulateur,
Je les vois s’avancer vers le petit décor,
Près de l’âtre où dansent des étincelles d’or.
Sur la petite place, pavée de graviers blancs
Ils s’arrêtent enfin, regardant au devant
La cabane de bois aux planches vermoulues
Portant sur son pignon l’ange aux ailes étendues.
Sous la crèche garnie de ses blondes javelles
L’âne et le bœuf couchés parent du froid rebelle
Le divin Nourisson que Joseph et Marie
Couvrent, en se courbant, d’extatiques souris.
Figées à tout jamais dans leur rôle éternel
Où chaque fin d’années elles fêtent Noël
Les figurines peintes en habits de Provence
Apportent leurs présents et leur reconnaissance.
Le meunier, fariné du gros sac blanc qu’il porte,
Tire l’âne bâté, seule et prodigue escorte ;
Le poissonnier gouailleur accompagne « Honorine »
Qui porte en ses paniers rascasses et sardines,
Et les deux petits vieux, près du puits rond en pierre,
Ont en eux tant d’amour qu’ils en offrent en prières ;
Assis devant sa meule où chante le couteau
Le rémouleur fredonne… c’est là son seul cadeau !
Près de l’auge de bois où lapent les agnelles,
Elle joue du bâton, la jolie pastourelle
Alors qu’à ses côtés, sous son épais manteau
Le pastre porte aux bras le plus blanc des agneaux ;
Discrètement tapi derrière un bloc de mousse
Le boumian fuit l’agent qui s’est mis à ses trousses,
Et l’aveugle appuyé sur sa canne de buis
Voit bien mieux que tout autre ce grand bonheur qui luit.
Les notes du galoubet du beau tambourinaïre
Rythmant la farandole de six jeunes dançaïres
Arrivent jusqu’au pont où se tient le ravi,
Les bras levés au ciel pour vénérer la vie ;
Poussant du pied ses poules et suivant son mari
La paysanne apporte quelques charcuteries
Tandis que le pêcheur de retour de la rade
Porte dans son filet quelques belles dorades.
Majestueux et lents s’approchent les Rois mages
Que l’étoile a guidés tout au long du voyage,
Trois rois enturbannés et vêtus richement
Suivis de leurs séides chargés de lourds présents ;
Melchior à la peau noire offre l’urne d’encens,
Et Balthazar la myrrhe qui enivre les sens ;
Et la barbe bien blanche, Gaspard le vétéran
Porte les pièces d’or en cassettes d’argent.
Les anges suspendus, habillés de satin,
Chantent des glorias et sonnent du buccin.
…Mais du sommeil soudain un son clair me déloge ;
un minuit quotidien au clocher de l’Horloge
fait frapper douze fois le marteau sur l’airain ;
le rêve était heureux !… Mais Noël c’est demain…
J.C. REVEST
et maintenant vous pouvez aussi découvrir le blog de Patricia,
dans la rubrique Peintre amateur
(lien colonne de droite)