Au temps des magnaneries .......

Le soir il fait nuit tôt, une assiette de soupe chaude, et pas grand chose à la télé. Rien de tel qu'un bon roman que je dévore sous l'édredon ......

Au XIXème siècle, chez nous en Provence - tout comme dans les Cévennes - la soie était un véritable culte. Dans de nombreuses campagnes, on "éduquait" des vers pour s'enrichir un peu. et on voyait un peu partout des allées de grands mûriers. J'ai eu très envie de lire ce roman  : "La vallée de la Soie" de Michel Jeury : une grand-mère fait le récit de sa vie : des notes sur un cahier avec une plume d'acier,  laissées à ses petits enfants :

..."Aprés ma mort mes petits enfants choisiront : brûler mes cahiers ou tenter de déchiffrer l'âme de leur grand-mère."

Née en 1826, elle nous raconte son enfance au pays des vers à soie. Le coeur tranquille, d'autant que personne ne la lira de son vivant, elle nous étale ses secrets ......

Merci à l'auteur d'avoir publié ce roman, car c'est un roman comme je les aime. On y apprend tout sur les magnaneries et les filatures de la soie. Un livre très aqgréable à lire (il existe en gros caractère), très instructif mais aussi très sentimental qui nous tient en halène. (Il y a deux volumes). A travers ses lignes, elle nous fait connaître, la tragédie, l'espoir et l'amour.

En Voici un passage :

..."Après deux semaines, toute la famille s'occupait des vers. D'abord la cueillette des feuilles : il en fallait peu au début, quelques poignées, puis de plus en plus, bientôt des pleins sacs, et, à la fin , tout ce que les hommes, les femmes et les enfants pouvaient ramasser du soir au matin.

A la magnanerie, on tournait sans arrêt autour des tables, Un rayon de jour tombait de deux fenêtres aux volets entrebâillés et la lueur des feux de chêne vert éclairait faiblement la salle, qui devait toujours être à demi-obscure. Du moins les vieilles femmes le juraient.

Distribution de la nourriture, trois ou quatre fois par jour, entretien des feux, surveillance des vers, chasse aux sales bêtes, rats et fourmis, "délitages" ou nettoyages de la litière ; telles étaient les tâches des femmes, aidées quelquefois des enfants. Dans certaines maisons, la magnanerie devenait le centre de vie. le travail fini, on y musait pour admirer les beaux vers blancs, gras, vaillants et écouter les mandibules faire leur bruit d'averse en déchiquetant les feuilles. Au début, on aurait dit une douce ondée  poussée par la brise de mai. Plus tard, cela devenait une pluie d'orage battant le toit.

.. Par moments, cette crépitation était si forte qu'on devait crier pour s'entendre.....

Je vous invite à lire ce livre et à découvrir la suite......