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"LA MALLE AUX TRESORS"
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10 août 2013

LE BENITIER DE SAINT VERAN....

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En complément à mon article du 22 août 2011 où je faisais la description de l'Eglise de Saint-Véran, et pour essayer de répondre au commentaire de Pilou du 19 Juin 2013, sachant qu'une de mes amies se rendait à Saint-Véran cet été, je l'ai chargée d'une mission délicate : essayer de touver un ancien qui pourrait m'en dire un peu plus sur la symbolique des figurines sur le bénitier. Voici ce qu'elle m'a rapportée :

.." Nous devrions trouver, si ce n'est une réponse, mais au moins une "réflexion" sur les questions que l'on se pose sur ce sujet, dans la Monographie de Saint Véran écrite par l'Abbé Pierre BERGE, éditée en 1928 à GAP par Louis LEAN Réimprimé en1980 à Marseille par LAFFITTE Reprints.

mais aussi, dans l'interprétation, ci-dessous, donnée par Emile ESCALLIER :

..." Dès le seuil de l'Eglise du "plus haut village d'Europe où l'on mange du pain", à peine franchi le portail d'entrée, l'attention du visiteur se fixe sur un très beau bénitier de serpentine dont la cuve a été ainsi décrite par l'abbé Berge dans sa Monographie de Saint-Véran :

"L'extérieur de la cuve est divisé en trois zones inégales ; la plus haute, la moins large et celle du milieu son tornementées par quatre têtes humaines portant sur les deux zones et très en relief. Sur la zone supérieure figurent des inscriptions très frustes qui ne sont pas déterminées. On voit cependant : "Confesso..;" une tête humaine réduite, ne portant que sur cette zone (la crosse, la croix et la mître) et des signes et des inscriptions. La zone du milieu, beaucoup plus étendue, porte une sorte de dragon, en arrière et au-dessus duquel, vers la première tête est un bras et une main, dans l'attitude de la bénédiction. En avant du dragon se trouve un guerrier ou autre personnage portant une lance ou un épieu, semble-t'il. Devant lui, court un animal, chien ou lièvre ; ces figures sont entre la première et la deuxième têtes. Entre la deuxième et la troisième, un autre animal, précédant le premier et courant ; ensuite, un niveau de maçon ; au-dessus, un T au Tau surmonté d'un point en forme de petite boule et une inscription. Entre la troisième et la quatrième têtes sont deux autres personnages. On dirait deux enfants qui se regardent et se donnent la main. Enfin, entre la quatrième et la première tête, vers cette dernière, il me paraît y avoir un soleil à plusieurs rais et un disque partagé par un demi-cercle. Il n'y a aucune gravure sur la zone inférieure. Jusqu'ici, personne n'a interprété les gravures de ce bénitier, dont M.J.Roman n'a pas parlé dans son Répertoire Archéologique".

La curiosité des archéologues mérite d'être retenue par cet ouvrage dû, selon toute vraisemblance, à un modeste artiste de village, l'un de ces "pique-pierre" qui dans un passé récent encore excerçaient leur métier dans chacune de nos bourgades ? Quelles interprétation donner à ces signes quasi mystérieux ? Quelle est donc la scène représentée sur le bénitier de Saint-Véran ?

L'abbé  Berge a noté le silence de Joseph Roman, dont le Répertoire Archéologique des Hautes-Alpes, bien que vieilli, continu cependant à faire autorité ; puis il a donné l'explication suivante, textuellement reproduite :

"Le tau était considéré par les premiers chrétiens comme une image de la Croix. La Croix en tau était regardée par les Gentils comme un symbole de vie, de salut, de félicité. (Cétait la croix commissa ou patibula). N'est-ce pas la Croix de Jésus-Christ qui est ici figurée ? N'est-ce pas lui-même qui est représenté par le soleil : erat Lux ; il étiat la lumière qui illumine tout homme venant en ce monde. Comme le dragon est ténèbres. Le niveau, c'est la Trinité ; les enfants, l'innocence baptismale".

Je me suis à mon tour permis de risquer une hypothèse. Elle vaut simplement comme opinion personnelle. Ayant eu le grand honneur, en juillet 1952, de conduire sur son sommet, puis aux splendeurs d'Embrun, une excursion de la Société Dauphinoise d'Ethnologie et d'archéologie, j'ai cru pouvoir exposer ainsi une thèse dans le bulletin de cette Association du second trimestre de l'année 1953. Je ne la donne pas, encore une fois, pour vérité certaine. En voici la substance :

On connaît la légende de Saint-Véran. Ermite aux environs de la Fontaine du Vaucluse, il délivre les troupeaux de cette région d'un dragon ailé qui les décimait, tous les moyens humains étant demeurés inutiles. Exorcisée par lui, la méchante bête, devenue inoffensive, vint se loger sur les crêtes des Alpes. Le Saint reçut l'évêché de Cavaillon. Il y mourut. Où l'inhumer ? Ses contemporains hésitaient, mais un signe les tira d'embarras ; son manteau s'envolat et se posa sur la chapelle de Vaucluse. Il y repose. on le vénère en divers lieux comme patron des Bergers.

Or l'église du plus haut village d'Europe rappelle à plusieurs reprises, dans son mobilier tout au moins, la légende rapidement esquissée ci-dessus. Elle garde, offert à la piété des fidèles, un buste de l'évêque, contenant une relique ; et surtout, la boiserie du choeur, du côté de l'Evangile, abrite dans une niche une adorable effigie du saint,en bois sculpté, avec à ses pieds un dragon vaincu, directement apparenté dans son aspect à la tarasque de Sainte Marthe.

Ainsi donc la vie de Saint Véran est présente, en raccourci, dans son église. Pourquoi le sculpteur du bénitier n'en aurait-il pas représenté, dans son travail naïf, la légende essentielle ? Tout semble le démontrer. Les quatre têtes qui ornent la partie supérieure de la cuve sont manifestement les quatres points cardinaux. Le mot où l'abbé Berge voit "confesso" se lit en réalité de façon très nette "confessoR". Il se rapporte sans aucun doute à l'Evêque dont la croix, la crosse et la mître sont les attributs. Or toutes les statures de Saint Véran le représenent avec la crosse et la mitre. C'est bien de lui qu'il s'agit ici et la main, dont les proportions choquent par rapport au surplus de la scène, est celle de l'évêque de Cavaillon exorcisant le dragon qui fuit devant cet exorcisme. Après l'animal fabuleux est dessinée une scène de chasse. Un homme, muni d'une lance, coiffé d'une sorte de bonnet phrygien, est précédé d'un lièvre. Un lièvre, qu'est-ce à dire ? Il est le symbole de la couardise, de la peur. Dès lors, tout le dessin prend son sens. L'homme et les bêtes sont effrayés par le dragon, lui-même vaincu par la main qui le bénit au nom de la Croix divine, le Tau. Il fuit vers le soleil levant, visible sur la cculpture, c'est à dire, vers les sommets des Alpes où deux enfants l'attendent en toute quiétude car il est désormais pacifique. Quand au niveau de maçon, comment y voir autre chose qu'un signe de compagnonnage qui constitueraient, en quelque sorte, la signature de l'artiste anonyme, graveur du bénitier.

Je ne pense pas que cette interprétation ait jamais été donnée encore. Je la propose donc comme nouvelle, mais non point comme certaine. Elle a du moins pour elle le mérite d'être plausible et de s'accorder avec la logique.

Elle pourrait en tous cas être le point de départ d'études plus savantes, plus approfondies. A ce titre, en toute humilité je la signale aux archéologues dont, hélas, je ne suis point.

Cher Pilou, Voici tout ce que j'ai pu récolter. A présent, je ne sais pas s'il y a eu une suite, une analyse plus approfondie  sur l'interprétation de M. ESCALLIER. Je remercie la personne qui a bien voulu nous remettre cette analyse sur le bénitier de Saint Véran.

 

 

 

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