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"LA MALLE AUX TRESORS"
"LA MALLE AUX TRESORS"
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21 juin 2013

le 15 JUIN dernier, c'était jour de "BUGADO" à Oraison ......

Si vous n'avez pu y assister, voici le compte-rendu de La "Bugado" ou lessive à l'ancienne (Bugade)
réalisé par mes amies Les Fileuses D'Oraison (Articles), samedi 15 juin 2013, 13:05

INTRODUCTION

 Avant que ne soit inventée la machine à laver le linge, les femmes lavaient le linge de tous les jours :le petit linge au lavoir.

Mais pour le linge de maison :le gros linge c'est à dire les draps, torchons, mouchoirs...) Elles faisaient la lessive 1 à 2 fois par an.

 C'était la grande lessive à la cendre que l'on pratiquait au printemps et à l'automne.

 L'ensemble de l'opération se déroulait sur plusieurs jours selon l'importance du linge à laver.

 C'était un événement important de la vie communautaire, un acte social qui rassemblait les femmes et donnait lieu à une grande fête avec repas, chants, danses, qui faisaient oublier la fatigue de cette pénible corvée...

 Partez à la découverte de la «bugado»!




DEBANA DE LA BUGADO

DEROULEMENT DE LA LESSIVE

 Etape n°1- La préparation de la lessive.

 Quelques jours avant la date choisie pour la lessive, il fallait :

  • rassembler le linge à laver, en attente au grenier sur une poutre où il avait été entreposé après un premier décrassage

  • installer le cuvier ou «tinèu», une cuve en bois cerclé de fer sur son trépied, devant lequel on placera un récipient pour récupérer l'eau du coulage

    Le cuvier
  •  prévoir le bois pour chauffer l'eau dans un autre chaudron plus grand «lou peirou»

  • tamiser les cendres de bois qui servaient de détersif

  • préparer le matériel et les instruments indispensables à la lessive : brouette en bois, banasto, caisse à laver renforcée avec des chiffons ou des coussins de paille, calée au bord de la pierre à laver elle permettait à la bugadière de se mettre à genoux, battoir à linge, brosse en chiendent, savon deMarseille conditionné en gros cubes , on pouvait aussi utiliser de la saponaire en décoction pour faire de la mousse

  • faire tremper le linge le plus taché à l'eau froide ou tiède

Maintenant que tout est prêt, nous pouvons nous rendre à l'étape suivante...

Etape n° 2 : «l'embugadage»

 Opération qui consistait à préparer le cuvier pour la lessive

  • Il fallait placer devant le trou de vidange des branches de thym et un morceau de tuile, ainsi le linge alourdi par l'eau ne boucherait pas le trou.

  • Ensuite il fallait recouvrir l'intérieur du cuvier d'un drap de chanvre appelé «florié», puis le remplir de linge en commençant par le plus sale : pièces grossières, torchons, mouchoirs,draps,taies d'oreillers, chemises...

  • Puis on recouvrait le linge d'un autre drap plus petit et plus fin sur lequel on plaçait une épaisse couche de cendres de bois bien tamisées. Les bords des deux draps étaient roulés en bourrelets autour du cuvier pour éviter tout contact de la cendre avec le linge.

Etape n°3 : Le coulage ou la coulée

 Pendant ce temps l'eau a chauffé dans «lou peirou» le chaudron,la femme peut maintenant couler la lessive «coula la bugado».

Avec un récipient à long manche, on prélevait de l'eau chaude mais non bouillante (pour ne pas cuire la saleté) et on la versait sur les cendres en effectuant un mouvement circulaire.

On renouvelait l'opération plusieurs fois.

L'eau versée entraînait la potasse contenue dans la cendre à travers le linge, on la récupérait dans un chaudron placé sous le trou d'évacuation du cuvier.

Cette eau était appelée «leissièu».

Remis à chauffer le «leissièu»était reversé sur le linge, de plus en plus chaud pendant au moins 4 heures, on disait «metre sus la bugado». Souvent cette opération se faisait la nuit.

En fin de coulage, certaines femmes mettaient du thym sur le «florié» pour parfumer le linge, à ce moment-là on versait entièrement et peu à peu le contenu bouillant du chaudron

Pour déterminer la fin du coulage, chaque femme avait son repère : par exemple lorsque le «lessièu» prenait la couleur café au lait. Ce dernier était récupéré par les ménagères de la famille et du voisinage pour laver leurs sols.

Les femmes laissaient le cuvier égoutter avant d’entreprendre l’action suivante …

 Étape n°4 : Lavage et rinçage au lavoir

 Comme le lavage ne consommait que quelques seaux d'eau, il pouvait avoir lieu à la maison, mais le rinçage, lui, nécessitait de grandes quantités d'eau claire.

Dernière étape avant le séchage, le passage au lavoir rythmait la vie des femmes.

Les bugadières se rendaient au lavoir, le linge entassé dans des corbeilles ou «banasto» sur une brouette avec le matériel indispensable à une bonne lessive : caisse, battoir, brosse en chiendent, savon de Marseille.

Sur la brouette, la caisse, à l'intérieur de laquelle se trouve le battoir et la brosse.

Pour une petite lessive, la femme portait elle-même sous son bras la corbeille de linge bien garnie.

Elles s'installaient à genoux dans leur caisse bourrée de sacs de paille et là, elles savonnent, brossent, frottent avec leurs mains avec des mouvements énergiques, jettent le linge dans l'eau, le tordent en le pliant plusieurs fois et le battent très fort avec le battoir (reçu en cadeau de fiançailles pour certaines ) sur une planche ou la pierre du bassin, afin de l'essorer le plus possible.

Le linge était rincé et retrouvait une blancheur éclatante.

Une solide barre de bois horizontale placé au-dessus des bassins permettait de stocker le linge essoré, avant le retour en brouette vers le lieu de séchage.

Etape N°5 : Le séchage du linge «lou secage»

 Le linge bien essoré (on tordait les draps à deux) et bien défroissé

en le secouant vivement, était ensuite étendu à l'envers dans les prés ou sur des cordes tendues entre des arbres.


On le laisse une nuit dehors pour que la rosée «l'eigagno» lui redonne un blanc éclatant.

 Etape N°6 : Le pliage du linge

 La dernière phase de ce travail exténuant était le pliage du linge en l'étirant le plus possible car il est rarement repassé (sauf quelques pièces de lingerie).

D'ailleurs pour le verbe repasser, la langue provençale ne dit- elle pas «estira»? Cela veut tout dire!

Ainsi s'achève notre balade à la découverte d'un moment de vie et de travail des femmes aux siècles passés.


LE LAVOIR

 Toute fontaine n'a pas son lavoir, mais tout lavoir est lié à une source ou à un cours d'eau.

Un lavoir est un bassin public alimenté en eau détournée ou captée, sur le parcours descendant d'une source ou d'un cours d'eau.

Ici à ORAISON, l'eau des fontaines et lavoirs provient d'une source «la Boucharde» située dans le vallon du Vésier rive gauche du Rancure à 500 m d'altitude environ.

Le lavoir est en général couvert pour protéger les lavandières des intempéries.

Il est composé de plusieurs éléments : la fontaine, le rinçoir (où on dégage le linge des restes de saleté et de savon) souvent divisé en 2 bassins : le «refrescator» reçoit l'eau fraîche de la fontaine qui s'écoule ensuite dans le «lavador».

Il possède généralement une ou deux barres en bois horizontales au-dessus du rinçoir pour égoutter avant de sécher le linge.

L'aire de travail est souvent faite en pierre de taille et l'accès est pavé ou dallé.

 

Il y a 3 lavoirs dans cette partie du vieux village dont 2 accueillent des crèches pour Noël :

  • le lavoir de la placette des Droits de l'Homme

  • le lavoir du Pied de ville, rue Joseph Latil

 

  • le lavoir des Pénitents, place Abel Roger



 

un autre lavoir aujourd'hui disparu se trouvait à proximité de la fontaine située entre la rue Elie-Louis Julien et les allées Arthur- Gouin.

 ROLE SOCIAL DU LAVOIR

 Le lavoir n'est pas seulement un bâtiment où les femmes lavent leur linge, c'est aussi un espace public ouvert, rempli de vie, de bruit et de cancans.

Lieu de vie convivial réservé aux femmes on y échange des informations loin des regards des maris ou des pères, une sorte de double du Café de village pour les hommes qui eux, se retrouvent en un lieu fermé autour du vin et de l'absinthe.

 

Réputé pour être un lieu de médisance :

«Au lavoir, on lave le linge, mais on salit les gens»

«Eici lou linge ven blanc, mai negre li gent»

Le lavoir n'exclut pas la solidarité,ne serait-ce que pour tordre le drap toujours à deux en sens inverse.

 

La grande lessive est une affaire de familles, les femmes se relayent pour «coula labugado» ou encore elles partagent le «leissièu»avec leurs voisines.

 CONCLUSION

 Mais aujourd'hui,cet équipement collectif jadis indispensable à la vie quotidienne, ce lieu de communication orale entre femmes, ne joue plus le rôle qui était le sien dans la vie locale d'autrefois.

«Il est devenu un endroit déserté... un lieu de mémoire que l'on visite parfois» comme aujourd'hui, ou au moment de Noël quand il devient un support d'animations festives.

 

«S'ils ne font plus partie de la vie quotidienne... les lavoirs entrent dans notre mémoire en tant qu'élément du patrimoine légué par nos ancêtres».

  

SOURCES BIBLIOGRAPHIQUES UTILISEES

  Haute Provence d’hier : «La femme à la fontaine»

Documents réunis et présentés par Jean-Yves ROYER et Pierre MARTEL

1978 – LES ALPES DE LUMIERE

 «ORAISON – Le temps retrouvé»

Claude SAUVE

1996 – EQUINOXE

 «ORAISON – Regards croisés»

Claude SAUVE

2009 – ALAN SUTTON

 «Fontaines et lavoirs en Val de Rancure»

André LAURENT

2009 – CASTELLUM

 AUTRES SOURCES UTILISEES

 Les documents aimablement prêtés par Mme Joëlle BERG sur le déroulement de la lessive –

«Debana de la bugado»

Les photos mises à notre disposition par l'Office du Tourisme d'Oraison et M. Serge Klutchnikoff (CASTELLUM),

Sans oublier les richesses d’Internet.


Si vous voulez voir une autre bugade,
je vous donne rendez-vous au LAVOIR DE VOLONNE,
le dimanche 28 juillet prochain
Sous l'égide de l'Association "VOLONNE INITIATIVES"









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