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"LA MALLE AUX TRESORS"
"LA MALLE AUX TRESORS"
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22 mars 2012

Les anciens costumes des Alpes du Dauphiné .... aujourd'hui, les HAUTES-ALPES

Comme je vous l'avais promis dans mes articles précédents, au fur et à mesure que je poursuis ma lecture des chapîtres sur "Les anciens costumes des Alpes du Dauphiné", je vous en fait profiter. Ce livre est d'une grande richesse et je ne sais comment remercier l'auteur : Edmond DELAYE de nous avoir laissé cet ouvrage et aussi et surtout la personne qui me l'a donné.

 

CHAPITRE IV : LES HAUTES ALPES

Les Hautes Alpes étaient la plus montagneuse des régions du Dauphiné. Les moyens de pénétration et de communications étant les plus difficiles, les costumes locaux se sont portés plus longtemps.

Le vêtement des hommes se composait d'une ample veste à larges basques faite de gros drap vert, brun, gris ou marron qui descendait au dessous des jarrets, d'une culotte ordinairement de même drap et de même couleur. Vers 1840, le pantalon avait déjà remplacé la culotte et devenait de plus en plus commun dans les Hautes-Alpes. - Des souliers énormes et ferrés, un châpeau ou un bonnet.

Le costume des femmes était généralement fait d'une robe de drap noir, d'un bonnet ou coiffe de drap ou de toile sans ornements, et aussi d'énormes souliers ferrés.

La grossièreté des étoffes qui servaient à confectionner l'habillement des deux sexes et qui portaient habituellement les noms de Cordelia ou de cadis étaient fabriqués dans les ménages avec des laines du pays.

Presque partout, durant les longs hivers, chaque famille avait sa veillée particulière pendant laquelle, à la lueur d'une lampe peu flamboyante appelée "creijor" et qui rappelait la lampe romaine, les hommes réunis dans l'étable, tillaient le chanvre en racontant des légendes gracieuses ou terribles, tandis que les femmes le filaient pour en faire la toile de leurs chemises ou la dentelle de leurs coiffes. Elles filaient aussi la laine de leurs brebis d'où sortait le drap nécessaire à la maison.

Le département des Hautes-Alpes était divisé en trois grandes régions correspondant aux trois arrondissements :

  • Le Gapençais : la région de Gap - le Valgaudemar - le Dévoluy - le Serrois.
  • Le Briançonnais : la région de Briançon - le Queyras - La Vallouise - La région de la Grave.
  • L'Embrunois : la région d'Embrun - le Champsaur - Ceillac

I. LE GAPENCAIS

Dans le Gapençais, le linge que portaient les montagnards était fait avec le lin ou le chanvre qu'ils avaient recueillis, et les vêtements avec la laine de leur brebis.

Leur trousseau se composait ordinairement de deux chapeaux, deux paires de souliers, deux vestes, deux gilets, deux culottes, deux paires de bas, une paire de guêtres. Le plus vieux de leurs vêtements servait aux jours de travail, et le moins usagé, les dimanches et fêtes.

En 1789, la dépense annuelle  de l'habillement d'une famille composée du mari, de la femme et de deux enfants, étaint d'environ 75 francs, en 1802 de 100 francs et en 1835, d'au moins 150 francs.

Si au jour d'une fête ou de leur mariage, ils se donnaient un habit fin, c'était un meuble pour la vie qui, souvent même, servait à deux générations.

Depuis l'époque gauloise, les paysans de cette région ne se coupaient point les cheveux ; Ils les portaient encore vers 1850 presque dans toute leur longueur, flottant sur les épaules.

Au milieu de ce XIXème siècle qui, avec le progrès, devait être le tombeau de presque tous les anciens costumes provinciaux, dans les communes peu importantes, les ruraux, aux jours de mauvais temps, arboraient déjà le grand parapluie de couleur voyante, et aux grands jours se coiffaient du chapeau de soie de Lyon qui leur coûtait 8 francs. Les jeunes filles vont délaisser coiffes et bonnets,  et orner leurs têtes du grand chapeau de paille de riz, réalisant ainsi le portrait imaginaire de la "Bergère des Alpes".

Région de Gap : Napoléon 1er qui passa à Gap les 5 et 6 mars 1815, à son retour de l'Ile d'Elbe, y fut hébergé par l'aubergiste Marchand, et nous possédons un portrait de sa femme, Mme Marchand qui nous donne la forme des bonnets de cette époque, faits de tulle uni ou brodés et bordés d'une dentelle ou de tulle plissé, portés alors par toutes les matrones de la localité.

Gapençais (Epoque Premier Empire)

Le Musée de Gap possède un médaillon de marbre et un de plâtre exécutés par le sculpteur Jean Marcellin de Gap, qui nous montrent ce qu'était dans le Gapençais, vers 1840-1950, la forme de la coiffe - ci-dessous :

Coiffures de Gap

 

Le Serrois : Dans la vallée du Buech, d'Aspres à Ribiers, en passant par Serres, le même bonnet se portait, quelquefois agrémenté de rubans et la robe était ornée, vers sa base, de trois rangs de velours mis à plat, et d'un rang, vers l'extrémité de chaque manche. (pl.XXI)

 

II. LE BRIANCONNAIS

 

Le Briançonnais qui comprend toute la partie Nord-Est du département des Hautes-Alpes est la région la plus montagneuse en haute-Altitude de ce département. Limitrophe de l'Italie, il a toujours été en difficile communication avec les autres parties du Dauphiné et avec la France. Aussi y a-t-il existé une très grande variété de costumes, et aujourd'hui encore, on y rencontre chez les femmes beaucoup de coiffes de forme très diverses.

Au XVIIème et XVIIIème siècles, dans les environs proches de Briançon, les hommes portaient une veste à basques larges mais fort courtes, faite de gros drap blanc, avec une culotte de même drap, et, par distinction, d'un gilet de couleur verte. Ils étaient coiffés d'un énorme bonnet de laine rouge (fabriqués  Saint Chaffrey, par les sieurs Giraud et Rey) qui coûtaient 20 sous et portaient de gros bas de laine ou des guêtres. Les jours de fête, ils s'endimanchaient avec un habit à taille carrée et une cravate noire.

Les femmes portaient la camisole ou casaquin de drap grossier, parements pendants, et dont la manche ne venait qu'au milieu du bras. La camisole y était bordée, ainsi que le haut de l'épaule et de la taille, par des rubans de fil bleu et plus ordinairement vert.

Sous la jupe courte, des poches en cuir étaient attachées à la ceinture ; leurs souliers bas étaient ornés de boucles en cuivre, en fer ou en argent, et leurs talons, surtout vers la fin du XVIIIème siècle et pendant le XIXème étaient hauts de deux pouces.

Les paysannes, en été, portaient sur leurs coiffes, des chapeaux de grosse paille jaune, et, près de Briançon, des chapeaux noirs en feutres à larges bords rabattus, pour les protéger du soleil ou de la pluie.

Au XVIIIème siècle, apparut dans cette contrée, comme dans toutes les Alpes, la mode du fichu ou petit châle que les paysannes portèrent comme les autres dauphinoises.

Les plus anciens étaient en lainage ou en soie de couleurs brune, vieux rouge ou feuille morte. les uns étaient tissés, les autres imprimés, d'autres brodés à la main, d'autres encore en soie brochée. Une paysanne aisée en avait vingt-cinq ou trente dans son trousseau, y compris un noir en cas de deuil.

fichus

Trois plis épinglés, vers la nuque permettaient aux femmes de s'orner le col d'un collier de velours attachant coeur et croix d'or sur leur poitrine.

Le tablier sans bavette, qui s'appelait "faudier" faisait également partie du costume féminin. Il était en lainage plissé à la ceinture et en général de couleur sombre. Au XVIIIème siècle il était surtout en soie uni à reflets, genre dit gorge de pigeon. Mais la partie du costume la plus variée et la plus pittoresque a été la coiffure des femmes.

A Briançon, la coiffure du XVIIIème siècle tenait un peu de la coiffe boulonnaise, mais formant une auréole moins développée sur les côtés. Elle était faite de dentelle ou de tulle noir brodé, soutenue par une monture rigide et gauffrée à plis partant du centre en rayons.

Sous le premier Empire et jusqu'à la Restauration, la coiffe se tranforma. la calotte s'élargissant déborda la passe frontale assez large qui, descendant jusqu'aux épaules, releva gracieusement ses extrémités, en formes d'ailes et prit alors le nom de cornette.

Cette passe , comme toute la coiffe faite ordinairement de toile de lin, était assez souvent recouverte de tulle gauffré ou plutôt tuyauté à l'aide d'une aiguille à tricoter et garnie, sur les bords d'une dentelle. Ces tuyautages, assez petits et forts nombreux, s'obtenaient facilement, dans les Hautes-Alpes, de cette autre manière :

la coiffe lavée et presque sèche, la montagnarde entrait dans chaque tuyau de tulle, un brin de grosse paille, et quand tout était garni, y passait rapidement le fer chaud. Il ne restait plus qu'à retirer les pailles.

Jusqu'en 1850, l'usage de cette coiffure à ailes continua, mais en abaissant progressivement la calotte qui arrivait à faire suite, sans saillie, à la passe frontale. Voir le modèle ci-dessous.

Les jours fériés, les femmes l'ornaient d'un ruban de couleur voyante qui se nouait sur le front, rapplant assez le fameux noeud à la "Fountanjo" qui fut en si grande vogue aux XVII et XVIIIème siècles. De 1830 à 1850, la coiffe que l'on appelle encore aujourd'hui la cornette et que les vieilles femmes aux alentours de Briançon portent toujours, fit son apparition et se transforma petit à petit pour donner le type actuel.

 

 Briançonnais XVIIIème siècle

 La cornette en patois la cornetto ou corneto était faite avec de la mousseline ou de la toile et du coton intercalé. on y crayonnait les dessins que l'on désirait y faire figurer, on la brodait et on la piquait à la main, aujourd'hui à la machine (voir ci-dessous).

Femme de Briançon au Rouet

Ci-dessous la coiffe portée par un groupe folklorique de Briançon :

2

Elle se composait de trois pièces et les rubans d'attache ou de serre-tête étaient en toile fine. les dimanches et jours de fête, les femmes l'ornementaient de rubans de couleur, ordinairement en soie, et l'appelaient alors "cornette garnie".

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Chaque femme possédant de trente à quarante cornettes, en changeait chaque dimanche et les lessivait, deux fois par an, au printemps et à l'automne.

En 1914, la confection d'une cornette coûtait 3 francs de façon environ. et revenait en tout, dans les 5 à 6 francs.

Dans les environs de Briançon, il est à remarquer divers types de coiffes dont certains se portent encore, tel le bonnet en piqué léger de Saint-Martin de Queyrières à calotte ronde coulissant à la base, munie à l'avant d'une passe frontale saillant vers le sommet. les femmes en deuil le portaient en noir, et comme à Briançon, et presque dans toutes les Alpes, les veuves s'entouraient la tête d'un petit mouchoir blanc, une pointe tombant sur la nuque et les deux autres nouées sur la menton.

La coiffe en tulle et en dentelle, la collerette plissée, le fichu de mousseline à pois bordé de dentelle, le coeur et la croix suspendus au velours traditionnel, le tout sur une robe d'un beau vert émeraude, voilà ce que le Musée de Gap nous a conservé du costume de Névache de la fin dU XVIIIème siècle avec le portrait de Mme PEYROT ci-dessous :

Briançonnais Région de Névache Fin XVIIIème

 

LE QUEYRAS : Suite à ma semaine de vacances l'été dernier dans le Queyras, je vous ai déjà parlé de ce costume et de ses coiffes.

Les Queyrassiens acculés et isolés à l'une des extrémités du Dauphiné, se suffisaient pleinement à eux-mêmes, et des besoins si restreints qu'ils leur laissaient ignorer l'usage du coton et du chanvre. Ils avaient, comme en Vallouise, des draps en peau de chèvres qui servaient une année complète sans lavage.

PERNES LES FONTAINES 11 SEPT 2011 194 - Copie (2)Le vêtement national des hommes se composait, au XVIIIème siècle, d'un habit carré et large, taillé en sifflet, d'un long gilet et d'une culotte dont les genoux étaient recouverts par les bas, Ils portaient de grands chapeaux rabattus et le Tricorne, les jours de fête, sur leurs cheveux longs et flottants.

Les femmes portaient un costume fort simple, soit fait d'une seule pièce, taille et jupon tenant ensemble, en laine noire ou sombre, soit composé d'un corsage aux couleurs vives et d'une jupe courte et plissée en drap, ce dernier depuis la Révolution. Leur tablier était souvent vert et leurs fichus de toutes couleurs, mais surtout des dessins rouges, lie de vin ou bleus

Elles portèrent successivement plusieurs formes de coiffes, et on en connait une assez grande variété.

Saint-Véran, le plus haut et le plus pittoresque village de France, et dont l'église est à 2 050 mètres d'altitude, est situé dans la vallée de l'Aigue Blanche.

Le coiffe de ce lieu se fit tout d'abord, aux XVII et XVIIIème siècles, en grosse toile. Elle entourait la tête, avait un fond plat plissé à la base à l'aide d'une attache coulissante qui était dressée sur un très petit métier portatif ; et était pourvue à l'avant, d'une passe qui recouvrait le front et descendait vers les oreilles, en formant comme un volant onduleux qui se terminait en bavolet sur la nuque comme ci-dessous :

  Femme de Saint-Véran (XVIIème siècle)- d'après Pastel

 Une de ses formes les plus anciennes que l'on connaisse était celle dans laquelle la passe frontale s'allongeait aux deux extrémités jusqu'à descendre au-dessous des seins. les paysannes les garnissaient habituellement de dentelles fortes qu'elles fabriquaient elles-mêmes à la veillée, à l'aide d'un tambour et de petis fuseaux. Nous en reparlerons au chapître V.

LE Queyras Région de Saint-Véran

 Les veuves portaient la même coiffe de toile de lin, mais la dentelle était remplacée par un bord de mousseline unie, de même largeur, mousseline qui fut petit à petit, d'abord plissée, puis brodée. Malgré tout, la coquetterie ne disparaissait pas avec le défunt. Ces parties longues et pendantes de la coiffe que j'appellerai "barbes" étaient parfois fort gênantes, quand la femme vaquait  à des travaux de ménage ou des champs. Elle les relevait alors habituellement par trois fois, en les épinglant.

De nos jours, les vieilles Véranoises portent encore un bonnet ordinairement noir (voir ci-dessous) qui se rapproche de la cornette du Champsaur et des bonnets de la Grave et d'Arvieux, et que l'on appelle communément "béguin" comme dans la Vallouise.

 

 Femmes de Saint-Véran XIXème siècle

Les Jeunes filles le portent en dentelle blanche avec bord ruché.

A Arvieux, près de Fort Queyras, la coiffe était ordinairement noire et ronde, avec le bord tuyauté ss'arrondissant vers les oreilles et formant un court bavolet en arrière. Ce village était un centre protestant, comme Brunissard, et les femmes portaient au cour la croix huguenote.

La naissance d'un enfant y était fêtée par un repas appelé en patois "la beuveugno" et, parmi leurs cadeaux, le parrain et la marraine offraient à leur filleul, un bonnet en soie de couleurs voyantes et variées et une cravate. Vous en apercevez sur la planche ci-dessous :

 Bonnets, Coiffes et Capelines du Haut-Dauphiné - Musée de Gap (Cliché Mounier)

A propos de ces bonnets de couleurs qui se portaient dans tout le Queyras et, spécialement à Saint-Véran, Fontgillard, Ceillac ... la forme en était différente, selon qu'il étaient destinés à un garçon ou à une fille. Pour les garçons, le bonnet était fait de deux pièces avec fond plat ; pour les filles, de trois pièces, le fond arrondi. Les deux sexes les portaient jusqu'à l'âge de dix à douze ans. On en a vu encore à Saint-Véran, sur des têtes d'enfants, en 1910.

Une petit histoire  de plume au chapeau :

(je suis surprise de retrouver cette histoire dans ce livre, car un Monsieur d'un groupe folklorique ami, du Briançonnais me l'a racontée, alors que je lui ai demandé pourquoi il portait une plume à son chapeau.... (c'est un institueur à la retraite ...) Forcément, vous allez comprendre pourquoi :

Il était aux siècles derniers, une coutume au Queyras qu'il est intéressant de faire connaître au lecteur qui peut l'ignorer.

Des villages haut-alpins descendaient assez nombreux à l'entrée de l'hiver, de jeunes montagnards qui, la plume au chapeau, en signe de leur vocation littéraire, s'en allaient de part et d'autre, en France et en Savoie, se vouer à l'enseignement. En effet, avant la Révolution, les habitants du Queyras étaient assez instruits, car, presque dans chaque commune, il y avait un instituteur salarié par celle-ci, et qui donnait des leçons dans les familles qui le lui demandaient moyennant logis et repas.

Donc, ces jeunes gens, après de suffisantes leçons, au moment de s'expatrier pour aller à leur tout enseigner hors de leur montagnes, ornaient leur chapeau d'une plume à écrire, s'ils enseignaient à lire et à écrire ; deux plumes s'ils savaient le latin ; de trois, s'ils pouvaient montrer l'arithmétique, etc ... mais il était fort rare d'en recontrer qu en aient plus de trois ...

Arrivés dans les régions choises par eux, ils se présentaient avec leurs habits grossiers, dans les foires importantes de l'automne, se promenaient dans la foule, au milieu des  bestiaux et se louaient pour l'hiver, moyennat un prix convenu. Ils surveillaient les enfants, leur donnaient de nombreues leçons pendant tout le cours de la journée, et dans les intervalles, rendaient à peu près autant de services que des domestiques à gage ; et pour tant de peine, ils recevaient un salaire si léger qu'on en est surpris.

A la fonte des neiges, ils revenaient dans leur pays natal, avec quelques écus qui payeaint une partie de leurs impôts, et ils travaillaient à la terre pendant toute la belle saison.

Je vous présente "les plumes du savoir" :

Les plumes du savoir

 

LA VALLOUISE :

 A l'Ouest du Queyras, c'est le massif montagneux de la Vallouise avec sa courte et profonde vallée arrosée par la Gyronde qui descend en grondant du massif du Pelvoux (3762 m d'altitude). C'est une contrée assez en dehors du grand chemin de communication de laDurance.. assez en retard sur le progèrs et plutôt pauvre.

Les costumes sont semblables à ceux des Hautes-Alpes. Les fichus de toile grise étaient bordés d'une filoche et les bas étaient vert clair.  Seule la coiffe avait une forme particulière, mais celle-ci se modifia et vers 1830-1840 elle fut remplacée par le bonnet-béguin, très proche de la cornette actuelle de Briançon, mais dont l'avant orné d'une pointe qui descendait vers le sommet du front, rappelait l'avant des "frontières tarines" de la Savoie.

 

 III.  L'EMBRUNOIS

 

La Région d'Embrun : Dans la région d'Embrun, nous notrerons le Tricorne pour les hommes jusqu'au premier Empire, et à partir du XIXème siècle, le grand chapeau variable de forme selon les époques. Pour les coiffes des  femmes, la partie entourant le visage était tuyautée et comme sur la cornette actuelle de Briançon, les deux bouts de l'attache qui sertait à serrer la coiffe sur la nuque remontaient sur le sommet de la tête où on les y attachait par un noeud bouclé.

Pour se protéger du soleil, les femmes portaient sur leur coiffe un chapeau dont la forme la plus typique est celui que vous voyez sur la gravure ci-dessus : la calotte assez haute, et dont le bord court derrière la tête pour laisser passer le chignon s'allongeait beaucoup sur le devant.

Le champsaur : Région pauvre plus au Nord de l'Embrunois. La dernière coiffe portée un peu plus façonnée que les plus anciennes ressemble beaucoup à celles du Queyras et du Briançonnais, mais nous trouvons un bavolet sur la nuque et un bourrelet ou un tuyautage autour du front, jusqu'à l'extrémité inférieure des oreilles. Les robes des femmes étaient en général de couleurs sombres, assez souvent noires et quelquefois vert foncé.

Ceillac : Quoique géographiquement , Ceillac fasse partie du massif du Queyras, ce village et sa vallée étaient compris dans l'arrondissement d'Embrun.

Pour l'homme ce fut comme dans toutes les Alpes, l'habit à la française, la culotte, les bas et le tricorne remplacé, au milieu du XIXème siècle par le chapeau monté et, pour le travail, le bonnet pointu de laine rouge sous le grand chapeau qui garantissait du soleil.

La Ceillaquine portait une robe d'une seule couleur, ordinairement "oseille cuite", la taille assez haute,  les manches se terminant de suite au-dessous du coude, avec un large revers bordé en haut et en bas d'un ruban vert de préférence, ainsi que le bas du jupon qui était long et fort ample. Le tablier sans bavette était du même ton que la robe et recevait dans sa ceinture les deux pointes de devant d'un fichu ordinairement rouge, quelquefois agrémenté d'ornements bleus, verts ou jaunes .

La couleur de la robe et le nombre de rubans la bordant, variaient selon que ce costume était porté par une jeune-fille, une femme mariée ou une veuve.

La coiffe traditionnelle était faite de toile de lin, avec calotte ronde horizontale à fond presque plat, entourée d'un ruban rouge et ornée à l'avant d'une large auréole plissée en éventail qui encadrait fort joliment le visage et qui était quelquefois bordée d'une dentelle forte faite aux fuseaux, comme en Vallouise et à Saint-Véran.

 Le Queyras (Région de Ceillac) XVIIIème siècle

Comme dans certaines parties de la Savoie et dans presque toutes les communes du Queyras, les bonnets d'enfants étaient fort curieusement faits de soies variées, aux couleurs crues et voyantes.

L'auteur termine ce chapître en joignant ses regrets à ceux de l'artiste Emile Guigues qui écrivrait en 1875 :

" Rares, rares les vieilles culottes, les longs et imposants habits, les anciens types ; disparus complètement les majestueux chapeaux à cornes que nous admirons encore il y a une vingtaine d'années. Car le maire Fournier n'est plus là pour arrêter et le luxe et les innovations.

Parler de Ceillac, sans parler du maire Fournier, ce serait raconter Séville, sans parler de la Giralda.

"Un type celui-là, datant de l'organisation des communes - décembre 1789 - et ayant régi la sienne, comme Bonaparte régissait alors la France, avec une autocratie sans limite ; réunissant dans sa main tous les services : administration, plolice, cultes, surveillance des moeurs et jusquà la direction générale de la mode ... oui, oui de la mode - en ce sens qu'il voulait conserver, avec un soin jaloux, le costume pittoresque du pays, n'admettant aucune modification et réfrénant la moindre expansion de ruban ...

"Et quelle belle prestance : grand, fortement charpenté ; splendide sous son grand habit à la française, son chapeau colossal et sa longue canne à pomme d'ivoire et portant fièrement sa décoration de la Légion d'honneur, accordée par le gouvernement de Louis-Philippe.

"Et j'ai écrit tout cela, afin que l'art populaire, la gaîté colorée et le charme pittoresque de ces vieux costumes ne soient point oubliés".

Je rappelle le nom de l'auteur :

 Edmond Delaye qui a dédicacé l'ouvrage (que j'ai la joie de possèder aujourdh'ui) 

 

 

 

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Commentaires
F
Bonjour. Vous êtes la réponse à bien des questions. J'ai récupéré sur Marseille une coiffe de piqué comme vous les présentez pour le groupe de briançon (sans doute expatriée lors de la descente des gavottes en basse Provence) et une coiffe à barbes longues ornée de dentelle fine, avec les traces rouillées d'épingles au niveau des oreilles. Les deux mises ensemble vont parfaitement ! Merci pour ces infos ! FD
Répondre
G
Ton article est passionnant et les pastels en illustration sont ravissants (ils sont tirés du livre aussi ?).<br /> <br /> Très beau travail de recherche qui me replonge un peu dans mes racines hautes-alpines de tout un coté de notre famille !<br /> <br /> Gros "Poutoun",<br /> <br /> Cécile.
Répondre
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